Soudain, la photo du
petit garçon au regard triste ressurgit devant mes yeux. Ce petit gars
m’apitoie. Il semble si malheureux, perdu, sans tendresse. L’homme qu’il est
devenu est toujours en mal d’amour. Il a cru que Nelly comblerait ce vide et il
a atrocement souffert lorsqu’elle s’est affichée avec Mario. Cet homme, qui a
souvent dû être trahi par les femmes, s’est forgé une carapace. Et celle-ci a
craqué devant le cours de peinture au grand complet. Oui, il s’est ridiculisé.
Oui, ça la fout mal de la part d’un critique d’art. Il aurait dû se contenir.
Il aurait dû… Mais le petit garçon n’a pas su.
Se
pourrait-il que des rhizomes mystérieux
aient relié ces deux êtres à leurs dépens ? Après tout, ne souffrent-ils
pas du même mal ? Il me semble que
Nelly
a le droit elle aussi à un peu d’indulgence. Ne se sent-elle pas démunie
à côté
de son brillant mari qui, très pris par la politique, la néglige ? N'essaie-t-elle pas de l’épater par ses fréquentations et activités
artistiques ? Ne veut-elle pas lui prouver ainsi qu’elle existe ?
Un jour, je crachote du
fiel, un autre du miel
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